Contribution de François de Witt
Le 15 septembre 2014 marque le coup d’envoi d’une activité porteuse d’un grand espoir aussi bien pour les pays développés que pour les pays émergents. Ce jour-là a été remis à son commanditaire David Cameron quand il présidait le G8, le rapport de synthèse des travaux effectués par les groupes de travail nationaux de sept pays, plus l’Australie et de quatre groupes de travail transversaux réunis sous la conduite de Sir Ronald Cohen, naguère champion incontesté du capital-risque, aujourd’hui promoteur éclairé de l’investissement à impact ». Comme ce dernier l’indique en préambule au rapport, cette nouvelle forme d’investissement « attèle les forces de l’entrepreneuriat, de l’innovation et du capital à la capacité des marchés à faire le bien. On pourrait légitimement dire qu’elle permet au cœur invisible des marchés de guider leur main invisible ».
Aujourd’hui encore une activité de niche, demain sans doute une activité à spectre étendu, l’investissement à impact trouve sa place entre l’investissement dit socialement responsable et la philanthropie. Il ne s’agit ni de dons à des organismes œuvrant pour le bien commun, ni de placements en titres de sociétés matures soucieuses de développement durable, il s’agit du financement, aux différents stades de leur parcours, d’initiatives se fixant comme objectif de créer un impact social ou environnemental quantifiable tout en assurant leur pérennité soit par leur statut (entreprises sociales et solidaires) soit par leur profitabilité (entreprises de droit commun ou adapté). Ainsi présenté, l’investissement à impact représente un « chaînon manquant » entre l’efficacité financière et l’efficience sociétale. Son essor devrait être favorisé d’abord par l’impécuniosité des bailleurs de fonds traditionnels que sont les collectivités publiques , ensuite par la volonté des jeunes générations de mettre leurs talents au service d’activités porteuses de sens, enfin par la créativité prodigieuse des entrepreneurs sociaux.
Et les capitaux ? 800 000 salariés français participent déjà à cette forme d’investissement en souscrivant aux fonds communs de placement dits « solidaires », dont un peu moins de 10% des capitaux sont orientés vers des structures à impact. Le succès rapide de cette offre représente un gage d’avenir. Il est non moins clair, comme en témoigne l’intérêt manifesté par de nombreuses banques, que l’investissement à impact représente une diversification stimulante pour les portefeuilles de leurs clients fortunés. Le succès du concept a été immédiat auprès des 120 donateurs-milliardaires du Giving Pledge lancé par Bill Gates et Warren Buffett. Il intéresse aussi les fondations et les fonds de pension, à condition de pouvoir ainsi diversifier leurs actifs, ce qui est loin d’être le cas dans tous les pays du G8, à commencer par la France. Cette nouvelle forme d’investissement est l’affaire de tout le monde, elle transcende les barrières politiques et combat, comme l’a récemment déclaré le pape François, « une économie qui exclut et rejette ».