Charité et Philanthropie : Origines et Histoire
Le 23 septembre dernier, le Think Tank de la Philanthropie proposait à ses membres de se retrouver pour un nouveau webinaire sur le thème « Charité et Philanthropie : Origines et Histoire ». À cette occasion, le cercle des experts accueillait Christian Topalov, sociologue et historien, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, dans le cadre de la publication de son ouvrage « Philanthropes en 1900 ». Une vision complétée par l’histoire et la philanthropie pasteurienne racontée par Annick Perrot, ancienne conservatrice du Musée Pasteur et Frédéric Grosjean, responsable des legs et de la gestion du patrimoine immobilier à l’Institut Pasteur. L’occasion de se replonger dans les origines et les récits ayant façonné la philanthropie moderne d’aujourd’hui.
Publié en 2019, l’ouvrage « Philanthropes en 1900 » est le fruit d’une étude des mondes de la philanthropie dans quatre grandes villes : Londres, New York, Paris et Genève. L’année 1900 n’a pas été choisie au hasard puisqu’elle correspond à un moment de floraisons exceptionnelles des œuvres : on parlait alors de « printemps charitable ». En traçant l’origine des œuvres philanthropiques parisiennes de l’époque, Christian Topalov nous dévoile un réseau de régions connectées les unes avec les autres. Parmi elles, on trouve « l’establishment réformateur », caractérisé par ces hommes aux carrières brisées par la victoire politique des républicains, qui, à travers leurs actions philanthropiques, tentent de conserver une place dans la société ; ou encore le réseau de « l’Oppression de l’Archiduché », caractérisé par des œuvres d’aspiration catholique.
Christian Topalov, à travers le récit de vie et de carrière de ces grands philanthropes, nous rappelle également que la charité à cette époque, au-delà d’un mouvement ayant pour volonté l’aide à autrui, était une obligation sociale : elle répondait à un enjeu mondain (l’achat de la responsabilité) ; un enjeu politique (la légitimité à diriger des idées) et à un enjeu de genre (l’opportunité pour les femmes de se créer un espace d’activité publique). Annick Perrot et Frédéric Grosjean ont ensuite rappelé la place qu’occupait à l’époque l’Institut Pasteur au sein de ces réseaux et connexions. Le premier appel à la générosité, porté par Louis Pasteur le 1er mars 1886, marque le début d’un enthousiasme et d’un élan de générosité en France et au-delà. Certaines grandes figures emblématiques ont contribué à ce rayonnement de la philanthropie du XIXe au bénéfice de l’Institut Pasteur. Parmi elles, on retrouve le Comte de Laubespin, considéré comme le premier donateur « pour la cause de la recherche », la mystérieuse Madame Lebaudy, l’une des rares philanthropes souhaitant garder son anonymat, aussi appelée « Madame X », ou encore le haut financier bordelais Daniel Iffla, agissant sous le pseudonyme romanesque d’Osiris.
Frédéric Grosjean a enfin rappelé que la philanthropie liée à la recherche médicale et scientifique n’a cessé d’évoluer à travers l’histoire des maladies et l’innovation des outils permettant de manifester sa générosité. Elle a cependant gardé une constante de 1900 à nos jours : elle offre aux philanthropes la possibilité d’être bien plus que des donateurs : des acteurs du changement social.
Quelle est l’histoire autour du terme « philanthropie » ? Les philanthropes de l’époque étaient-ils soumis à la critique de l’opinion publique comme on peut l’observer aujourd’hui à l’égard de grands philanthropes ? Quels sont les facteurs de succès de l’Institut Pasteur en tant que collecteur de fonds ? Autant de questions autour desquelles les intervenants ont pu partager leurs points de vue et réflexions.
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