Edouard Morena est maître de conférences en science politique à l’University of London Institute à Paris et auteur de plusieurs livres dont Le Coût de l’inaction climatique et Fin du monde et petits fours.

Portant un regard assez critique sur la philanthropie, il explique néanmoins que celle-ci possède un rôle dans l’action climatique, en promouvant une diversité d’approches et de solutions.

L’enjeu s’est déplacé vers une prise de conscience de l’enjeu climatique et sur le choix de la stratégie que nous allons déployer pour assurer une transition bas carbone.

Dans ce contexte, la philanthropie peut favoriser la confrontation démocratique d’une multitude d’approches, plutôt que d’œuvrer à une forme d’uniformisation en finançant toujours les mêmes acteurs qui portent toujours les mêmes solutions. La diversité me semble être un registre dans lequel la philanthropie peut jouer un rôle.

Dans ce podcast, Edouard Morena expose les solutions envisagées au niveau de la philanthropie, d’autant que les résultats des politiques mises en place jusqu’ici peuvent interroger.

 

[Podcast] Le Think Tank de la philanthropie · Edouard Morena : agir contre l’uniformité de la philanthropie pour lutter contre la crise climatique

Dans le champ de la philanthropie, le modèle des fonds non consomptibles fait figure d’exception qui possède sa propre organisation et enjeux de fonctionnement et de réglementation. Depuis quelques mois, le groupe de travail sur les fonds non consomptibles, initié en 2015, s’est de nouveau réuni pour travailler à un meilleur encadrement des fonds non consomptibles, pour leur permettre de déployer leur plein potentiel.

Nos deux invités ont pris part à ces discussions et s’intéressent de près à la problématique des fonds non consomptibles : Philippe Gaboriau, directeur du fonds de dotation du Musée du Louvre et Max Thillaye du Boullay, Directeur Général de la Fondation Anyama.

Philippe Gaboriau est revenu sur l’histoire du fonds de dotation (FDD) du Louvre et la nécessité du cadre juridique pour réglementer les questions financières, en lien avec le musée du Louvre, en précisant notamment ses mécanismes de collecte spécifiques (l’équipe de collecte, l’American Friends of the Louvre, et le fonds de dotation).

Max Thillaye du Boullay a souligné les spécificités et difficultés rencontrées lors de la création d’un fonds de dotation, dans un contexte de taux négatif, créant ainsi un système de dette. Le don non facilité pour un donateur qui souhaite faire don d’un montant important reste problématique pour un geste à l’origine bénéfique pour la société.

 

Delphine Bottge est la fondatrice du cabinet Purpose Lawyers à Genève, qui accompagne des philanthropes et leur famille, des entreprises et leurs dirigeants ou fondations, en s’impliquant à leurs côtés pour la réussite et la pérennité de leurs projets. Delphine Bottge est également enseignante à l’Université de Genève a dédié son ouvrage « Les fondations actionnaires en Suisse » à cette thématique.

 

Pierre-Edouard Stérin, serial-entrepreneur, créateur du groupe Smartbox, mais également philanthrope (voire phil-entrepreneur), nous livre à travers cet épisode l’origine de sa démarche philanthropique, mais aussi les perspectives de son projet et les difficultés qu’il a pu rencontrer.

Retrouvez le contenu de son intervention dans le podcast :

[Podcast] Le Think Tank de la philanthropie · Pierre-Edouard Stérin, phil-entrepreneur

Maître Laurent Mazeyrie, notaire spécialiste de la fiducie philanthropique et Frédéric Grosjean, responsable des legs et de la gestion du patrimoine immobilier à l’Institut Pasteur, reviennent sur la définition et la mise en application de la RAAR (Renonciation Anticipée à l’Action en Réduction), également appelée Pacte de famille.

Cette technique d’anticipation successorale est peu connue en France, alors qu’elle n’est pas neutre en termes de succession puisqu’elle permet que des héritiers acceptent, du vivant de leur parent, d’être héritier pour une part inférieure à la réserve.

Qu’est-ce que la RAAR ? Comment se met-elle en place ? Dans quels types de situations des testateurs y ont recours ?

Toutes les réponses sont dans notre podcast :

 

[Podcast] Le Think Tank de la philanthropie · "La RAAR : définition & mise en application" par L. Mazeyrie et F. Grosjean

Maître Louis Hude, notaire chez Michelez Notaires, spécialisé dans le conseil aux associations et congrégations et Frédéric Grosjean, responsable des legs et de la gestion du patrimoine immobilier à l’Institut Pasteur nous partage leurs réflexions sur les avantages et les limites de la RAAR (Renonciation Anticipée à l’Action en Réduction).

Une technique d’anticipation successorale est peu connue en France, alors qu’elle n’est pas neutre en termes de succession puisqu’elle permet que des héritiers acceptent, du vivant de leur parent, d’être
héritier pour une part inférieure à la réserve.

LA Renonciation Anticipée à l’Action en Réduction (RAAR) ou plus généralement la réserve héréditaire est-elle un obstacle au développement de la philanthropie ? Comment se passe à l’Institut Pasteur la relation avec les testateurs pour les accompagner dans leur projet philanthropique ?

Retrouvez les réponses à ces questions dans le podcast ci-dessous :

[Podcast] Le Think Tank de la philanthropie · « La RAAR : avantages et limites » par L. Hude de Michelez et F. Grosjean de l’Institut Pasteur

Les experts du Think Tank de la philanthropie se sont retrouvés le 25 janvier 2024 autour de Jean-Marie Destrée, directeur de la Fondation Caritas, première fondation abritante en France dédiée à la lutte contre la pauvreté, les inégalités et l’exclusion.

Un échange riche qui a notamment permis de revenir sur le rapport de la Cour des Comptes de 2022 sur les fondations abritantes et abritées, et ses recommandations – meilleur suivi des fondations abritées, reporting et mise en place de process internes, analyse de leurs rapports, respect des critères de l’intérêt général, etc. – dans un contexte de développement de ces modèles.

Jean-Marie Destrée est aussi revenu sur le fonctionnement et les singularités de la fondation qu’il dirige : une expertise mondialement reconnue dans le secteur de la pauvreté, un travail en concertation avec d’autres acteurs comme le Secours Catholique ou le Réseau Caritas, un investissement financier et humain conséquent autour de ses fondations abritées.

Les discussions ont pu mettre en lumière les liens complexes mais forts, qui se renforcent de plus en plus en France entre fondations abritantes et abritées, et la nécessité de permettre un fonctionnement optimal de ces structures, pour un meilleur financement des actions d’intérêt général.

Crise économique et philanthropie

La philanthropie est construite – pour ne pas dire indexée – sur le système financier, même si elle tente souvent d’en pallier les effets de bord. Quelles prévisions peut-on faire sur l’impact des crises économiques et de l’inflation sur les dons et l’activité philanthropique ?

Françoise Benhamou, présidente du Cercle des Economistes, a apporté son analyse des grandes tendances dans la pratique du don en période d’instabilité économique, en France et aux États-Unis, en s’appuyant sur des travaux et études économiques. Comment les économistes ont intégré le paradigme du don et de la philanthropie dans leurs études et leur science ? Françoise Benhamou y a répondu lors de la 6e édition des Assises de la Philanthropie.

 

Ingrid LABUZAN

Nous allons à présent questionner le rapport entre crise économique et philanthropie. L’enjeu est double. D’une part, il faut continuer à mobiliser et à toucher des dons en période de crise. Nous voyons ce qui se déroule dans l’actualité, avec notamment le cri d’alarme lancé par les Restos du Cœur. Une vraie question de mobilisation se pose en ce moment. D’autre part, la crise économique doit être un moment d’aide à ceux qui souffrent. Comment faire pour les soutenir ?

Pour répondre à ce double enjeu, nous allons d’abord tenter de comprendre les effets des crises. Nous accueillons Françoise BENHAMOU, présidente du Cercle des Economistes. Il ne s’agit que de l’une de ses fonctions, puisqu’elle possède un long parcours dans la recherche et l’enseignement en économie. Bonjour et bienvenue.

Françoise BENHAMOU

Bonjour et merci de m’avoir invitée.

Ingrid LABUZAN

Vous avez une position privilégiée pour observer sur le long terme les interactions entre les crises économiques et la philanthropie. Pour commencer, tournons-nous vers le passé. Les crises économiques reviennent de manière relativement cyclique au cours du temps. Avons-nous une idée de leurs conséquences sur le monde de la philanthropie ?

Françoise BENHAMOU

Il m’est difficile de répondre à cette question. En effet, pendant longtemps, les économistes ne se sont pas intéressés à la philanthropie. Ce sujet était très marginal dans l’économie : il ne rentrait pas dans les modèles économiques historiques qui faisaient plutôt l’hypothèse d’un individu égoïste. Seuls quelques économistes se passionnaient pour le sujet.

Par ailleurs, beaucoup d’éléments interfèrent. Ainsi, une crise économique peut entraîner une nouvelle répartition des revenus. Celle-ci pourra avoir des effets sur la conjoncture économique. Néanmoins, sur le long terme, la montée quasiment régulière de la philanthropie dans l’économie est frappante, quelle que soit la conjoncture. Une étude très intéressante a été menée aux États-Unis sur ce sujet par Jon Bergdoll et Patrick Rooney en 2020. Il s’agit de l’étude la plus complète en la matière. Elle étudie le rapport entre économie et philanthropie sur le long terme, entre 1980 et 2015. Cette période comprend des moments de conjoncture économique basse et des moments de conjoncture haute. Elle inclut également la crise des subprimes de 2008. Or, sur l’ensemble de la période, les dons aux États-Unis ont augmenté de 3,3 %. Certes, durant deux ans, en 2008 et en 2009, ces donations ont baissé de 7 et 8 % respectivement, mais ces baisses ont été compensées par un effet de rattrapage. Finalement, l’augmentation des dons se confirme.

Durant la période récente, les inquiétudes en France, avec notamment ce cri du cœur des Restos du Cœur et d’autres associations, sont dues au contexte inflationniste. En réalité, dès lors que ce cri d’alarme a été poussé, les dons ont afflué. Il s’agit d’une sorte de « conjoncture du malheur » : les gens mettent l’accent sur une difficulté. Mais à l’inverse, une « conjoncture du bonheur » peut exister. Par exemple, l’annonce concernant la création d’un vaccin contre le cancer, qui vient d’être faite, pourrait créer chez les donateurs l’envie de donner plus encore, puisqu’elle confirme leur efficacité.

Ingrid LABUZAN

Vous parliez de l’accroissement constant des dons de 3,3 %. En revanche, quel a été l’accroissement global de la richesse aux États-Unis durant la même période ? Cet accroissement était-il proportionnel ou non ?

Françoise BENHAMOU

Oui, bien sûr, même s’il existe un moment de léger recul de l’accroissement du PIB.

Ingrid LABUZAN

La situation française actuelle est-elle différente de celle décrite par cette étude, qui concerne uniquement les États-Unis et qui s’arrête en 2020 ? Actuellement, nous faisons en effet face à une conjoncture de crises, sur le plan politique, économique, climatique et social.

Françoise BENHAMOU

Vous avez raison, nous faisons face à une série de crises qui se cumulent. Par ailleurs, sur le plan économique, la situation est compliquée. Par exemple, l’inflation devrait reculer selon les prévisions des économistes. De plus, l’évolution des salaires suit celle de l’inflation. La crise économique est, d’une certaine manière, un peu moindre que ce à quoi nous pouvions nous attendre. Cependant, les économistes se sont tellement trompés qu’il faut se montrer extrêmement prudents. Cependant, la résilience des économies s’accompagne d’une forme de résilience des dons. Même si nous pouvons être confrontés à une forme de régression, les anticipations des ménages et des entreprises sont extrêmement importantes de ce point de vue.

Je suis frappée par l’évolution en France du rapport des entreprises à la philanthropie, qui est de plus en plus intégrée comme un élément constitutif de l’action des entreprises. La responsabilité sociale des entreprises est un thème qui rencontre de plus en plus d’échos. En préparant cette rencontre, je suis tombée sur une citation de Michel Pomey, le conseiller d’État à l’origine de la création des fondations en France. Dans les années 1970, il disait déjà que la philanthropie commençait à entrer dans la culture des entreprises. Aujourd’hui, cette dimension est tout de même relativement assumée.

Ingrid LABUZAN

Justement, quels sont les critères ou les déterminants qui poussent les individus à faire des dons ? S’agit-il de la cause défendue par l’entreprise ? Les déterminants économiques jouent-ils un rôle particulier ?

Françoise BENHAMOU

Lorsque les économistes se sont intéressés à cette question du don, ils sont partis de leur propre paradigme, celui d’un individu égoïste poursuivant ses propres intérêts, le cumul des intérêts de chacun menant au bien commun. Les économistes, en voulant intégrer le don dans ce paradigme, se sont dit que l’altruisme pouvait rentrer dans la fonction d’utilité, c’est-à-dire dans le but poursuivi par l’individu ou par l’entreprise. Au fond, l’altruisme est l’un des éléments qui motivent les individus à agir, y compris dans l’action économique. De ce fait, le premier élément que nous avons fait entrer dans le paradigme est l’altruisme pensé selon l’intérêt économique que l’individu trouve dans le fait de donner.

Ensuite, l’économie a dialogué avec d’autres sciences sociales. Beaucoup de travaux en économie comportementale et expérimentale ont vu le jour. Nous nous sommes alors rendu compte que les motivations individuelles au don étaient beaucoup plus larges. Serge-Christophe Kolm, l’un des grands spécialistes de la philanthropie parmi les économistes, explique que la philanthropie fonctionne également à cause de l’« altruisme personnel éclairé » de chacun. Chaque individu pense qu’il pourrait avoir à bénéficier un jour lui aussi de ses actions philanthropiques. Cette idée joue beaucoup dans l’inquiétude des individus face aux difficultés économiques.

Ingrid LABUZAN

En effet, on sait bien que le déclassement est une crainte en France. Par ailleurs, même si cette question sort un peu du champ économique, existe-t-il un lien entre don et régimes politiques ?

Françoise BENHAMOU

Il n’existe pas d’études sur ce sujet. Néanmoins, le don a très souvent une dimension politique. Certaines fondations comme la fondation Soros par exemple ont œuvré afin que les pays à l’est du rideau de fer adoptent la démocratie. Des aides ont été données à des universités ou à des écoles afin qu’elles puissent œuvrer pour la démocratie. Il existe donc un lien entre le politique et le don. Je ne connais pas la part des dons dans les pays très éloignés de la démocratie. Spontanément, je serai tentée de dire qu’elle est plus faible, mais il faudrait vérifier.

Ingrid LABUZAN

J’aimerais profiter de votre présence pour évoquer les nouvelles technologies et l’intelligence artificielle. La technologie est l’une des composantes majeures de nos sociétés. Quels effets a-t-elle sur les dons, et notamment en temps de crise ?

Françoise BENHAMOU

Les dons se transforment grâce à la technologie. Le micro-don s’est beaucoup développé grâce à internet. L’avantage fiscal ne joue plus aucun rôle à ce niveau. Désormais, à la caisse du supermarché, il vous est demandé si vous souhaitez arrondir le montant de vos achats à l’euro supérieur au profit d’une association. Toutes ces formes de dons sont aidées par la technologie numérique.

Celle-ci permet également, comme dans beaucoup d’autres industries, un meilleur appariement entre l’offreur et le demandeur, c’est-à-dire entre le donateur et l’organisme philanthropique. En même temps, la concurrence entre les différentes causes en est sans doute accentuée. Le financement participatif, par exemple, dépend de plateformes qui doivent proposer un modèle économique robuste, et sur lesquelles différentes offres se font concurrence.

Ingrid LABUZAN

Il existe également un enjeu de communication et de savoir-faire : la technologie doit permettre une plus grande lisibilité de la philanthropie.

Françoise BENHAMOU

La communication constitue le nerf de la philanthropie. Il ne s’agit pas de « racoler » mais d’aller expliquer son action. Pour avoir beaucoup travaillé sur ces sujets, il me paraît extrêmement important d’arriver à distiller du temps long dans le rapport entre celui qui donne et la cause à laquelle il donne. Or, cette dimension entre en contradiction avec le fonctionnement de notre société, qui repose beaucoup sur les temps courts et sur les émotions collectives. Celles-ci sont très fortes : il ne faut pas les mépriser, mais elles sont parfois dangereuses.

De ce fait, installer une forme de fidélité entre le donateur et l’organisme est essentiel : ce lien permet à l’organisme de générer de la trésorerie et de hiérarchiser les différentes actions. Lors d’un tsunami, voilà quelques années, le président de Médecins du Monde avait mis en garde contre le surfléchage des dons, afin qu’ils puissent être disponibles pour d’autres causes. De même, lors de l’incendie de Notre-Dame, j’avais tout de suite pensé aux autres cathédrales qui ont besoin d’être rénovées : une partie de l’argent collectée suite à l’incendie pouvait en effet être affectée à d’autres chantiers. La question du temps me semble donc fondamentale.

Ingrid LABUZAN

Merci beaucoup pour cet éclairage passionnant.

 

Audace et philanthropie : quelle place pour la prise de risque et les « angles morts » philanthropiques dans le contexte actuel ? 

Être audacieux, dans le secteur de l’entreprise et de la philanthropie, c’est aussi repenser des formes d’engagement reliées aux questions de gouvernance et d’héritage.

Léa Nature, fondée par Charles Kloboukoff, est une entreprise qui regroupe des marques cosmétiques et produits bio. Elle a été créée autour d’un comité d’éthique et a adopté en 2019 le statut d’entreprise à mission environnementale. Mais c’est la démarche de pérennisation de l’entreprise qui a été la plus ambitieuse : considérer l’organisme lucratif comme contributeur au bien commun, en consacrant la totalité de son capital à un fonds de dotation, pour bénéficier à des causes citoyennes variées. Une telle démarche pour garantir la longévité de son entreprise, est-ce se prémunir du risque ou le prendre ?

Charles Kloboukoff en a témoigné lors de la 6e édition des Assises de la Philanthropie.

Charles Kloboukoff – Fondateur et dirigeant de l’entreprise Léa Nature

 

 

 

Ingrid LABUZAN

Nous accueillons à présent Charles KLOBOUKOFF, fondateur de Léa Nature, une entreprise qui regroupe une quinzaine de marques de cosmétiques et de produits bio. Vous avez une certaine sensibilité aux causes environnementales. Néanmoins, c’est plutôt d’audace dont je voudrais vous parler. L’audace, vous avez cherché à l’incarner à travers des formes d’engagement qui posent des questions de gouvernance.

En effet, vous avez choisi d’utiliser toutes les possibilités juridiques à votre disposition afin de traduire votre engagement à travers l’action de votre entreprise. Brièvement, qu’avez-vous choisi de faire qui était perçu comme novateur ou qui n’était pas très consensuel ?

Charles KLOBOUKOFF

Léa Nature est née avec l’idée de proposer des alternatives biologiques respectueuses de la nature et de la santé. Notre démarche a été à la fois holistique et empirique. Nous avons expérimenté un certain nombre de démarches, dont la mise en place d’un comité d’éthique en 2000, alors que l’entreprise ne comptait que 70 salariés. Ce comité pouvait proposer des censures et des initiatives ou mener des politiques de soutien à des causes comme la précarité par exemple.

En 2007, l’entreprise a adhéré au mouvement « 1 % For The Planet ». Ce mouvement vise à inciter les entreprises à s’imposer un impôt volontaire de 1 % sur une partie de leur activité ou sur la totalité de leur chiffre d’affaires en faveur de la philanthropie environnementale. Celle-ci constitue une petite part de la philanthropie globale en France, de l’ordre de 7 à 8 %, me semble-t-il. Un peu plus de mille entreprises font aujourd’hui partie de ce mouvement.

En 2011 a été créée la fondation Léa Nature Jardins Bio oeuvrant en faveur du lien entre environnement et santé, à travers des thèmes comme la souveraineté alimentaire et l’impact environnemental de l’agriculture sur les territoires. En 2019, le cadre de référence de l’entreprise dans lequel nous exerçons notre activité a été modifié, celle-ci prenant le statut d’entreprise à mission environnementale. Voilà quelques-unes des étapes qui ont jalonné nos explorations en termes d’engagement.

Ingrid LABUZAN

Vous avez donc saisi toutes les opportunités qui se présentaient à vous. La dernière en date nous intéresse particulièrement, à savoir votre volonté de transmettre votre entreprise. Pourriez-vous nous expliquer ce que vous avez souhaité faire et quelles sont vos motivations ?

Charles KLOBOUKOFF

Lorsque l’entreprise a fêté ses 20 ans, et moi mes 50 ans, je me suis posé des questions par rapport à l’avenir. Forcément, celle de la pérennité de l’entreprise s’est posée, concernant notamment son mode de transmission, et en particulier la place des enfants dans cette transmission. Nous avons cherché des modèles de référence afin de concilier économie et engagement. L’idée de créer une personne morale au-dessus de l’organisation à but lucratif nous est alors apparue séduisante.

Nous n’avons pas trouvé beaucoup de modèles en France. Pierre Fabre, qui n’avait pas d’enfant, avait obtenu le statut de fondation d’utilité publique afin de placer au-dessus de son conseil de surveillance. Les Chicorées Leroux avaient également expérimenté, via d’autres outils juridiques, une forme de pérennité du capital indépendante des personnes physiques. En Suisse, en Autriche, au Danemark, en Allemagne, il existe plusieurs modèles de fondation d’entreprise. Au départ, l’idée était plutôt d’assurer une forme de protectionnisme économique en assurant ces entreprises contre la prédation des multinationales en conservant l’emploi sur le territoire. Nous avons souhaité ajouter une portée philanthropique à ce système en faisant en sorte qu’une partie des dividendes remontant au fonds de dotations bénéficie à des causes citoyennes variées, en dehors de la philanthropie environnementale. En effet, le mode de gouvernance associe des collaborateurs de l’entreprise.

Ingrid LABUZAN

Il me semble que vous avez quatre enfants.

Charles KLOBOUKOFF

Tout à fait. Emma, la troisième, est présente aujourd’hui. Elle dirige le fonds de dotation.

Ingrid LABUZAN

Comment avez-vous convaincu vos enfants d’adhérer à un tel projet ? Vous êtes obligé légalement d’obtenir leur accord : que ce serait-il passé si l’un d’entre eux avait refusé ?

Charles KLOBOUKOFF

En effet, en France, lorsque quelqu’un disparaît, une partie de son patrimoine revient automatiquement à ses enfants. En l’occurrence, comme j’ai quatre enfants, il revenait à chacun 18 % du patrimoine. Je leur ai demandé s’ils étaient d’accord pour renoncer à leur part de la réserve héréditaire concernant les biens professionnels. Ils ont accepté, ce qui m’a permis de transmettre la totalité du capital de la Holding CK Invest, qui détient la majeure partie de Léa Nature, au fonds de dotation à mon décès. La transmission commence de mon vivant, par tranches successives, via des donations.

Ingrid LABUZAN

Vous avez en effet fixé des objectifs et des dates à cet effet. Comment organisez-vous la gouvernance de la fondation et le management de votre entreprise ? En effet, une entreprise a des objectifs de croissance et des collaborateurs : ce n’est pas une fondation philanthropique. Quels liens existe-t-il entre ces deux entités ?

Charles KLOBOUKOFF

Nous étions un peu perdus au départ sur cette question. En interrogeant plusieurs acteurs comme le Cabinet Prophil, spécialisé dans les liens entre philanthropie et économie, nous nous sommes rendu compte qu’il fallait « étanchéifier » chaque étage. Le fonds de dotation a vocation à mener une activité philanthropique, à détenir les titres majoritaires de l’entreprise et à être le dépositaire du pacte d’engagement. En tant qu’entreprise environnementale, nous souhaitons principalement réaliser du bio, du local, etc. Nous avons donc un certain nombre de cadres de références, composés d’interdits et d’incitations, dont le fonds de dotation est le dépositaire.

Le fonds de dotation dispose d’un conseil d’administration et d’un comité philanthropique. Ce dernier associe les collaborateurs puisque le fruit du travail des salariés permet de gagner de l’argent, à travers une commission composée de 15 salariés représentant les divers secteurs d’activité de l’entreprise. La philanthropie ne peut pas s’intéresser à l’économie et l’économie ne peut pas s’intéresser à la philanthropie, le mélange étant suspect. De ce fait, nous allons créer un conseil de surveillance qui deviendra le bras armé du fonds de dotation. Ce conseil permettra de recruter les dirigeants, de contrôler l’application du pacte d’engagement et de veiller à la cohérence ainsi qu’à la performance de la stratégie de l’entreprise.

Ensuite, un directoire ou Comex gère l’entreprise, sachant que celle-ci est composée de PME. Nous avons également acquis la majorité d’un certain nombre d’entreprises dirigées par des gens qui souhaitaient se rallier à ce modèle. Ainsi, 24 entreprises ont rejoint le groupe. Elles ont été assemblées par secteur d’activité : cosmétiques, produits traiteurs, alimentation bio, etc.

Ingrid LABUZAN

Justement, comment vos collaborateurs réagissent-ils à cette volonté d’avoir une fondation ? Est-ce que cette décision suscite des craintes, par rapport à une éventuelle baisse de croissance par exemple ? Quelles idées reçues émergent ?

Charles KLOBOUKOFF

Les objectifs sont plutôt bien compris. Savoir qu’un objectif citoyen existe au-dessus du travail effectué au quotidien crée un sentiment d’appartenance. Néanmoins, certains se posent des questions sur la pérennité de l’entreprise, sur son avenir à long terme, sur les changements de gouvernance. Quelques personnes préféreraient sans doute avoir plus d’argent plutôt que de faire plus de philanthropie, ou du moins se posent la question, mais ce raisonnement est assez minoritaire. De manière générale, ce changement est bien reçu par les collaborateurs, même si le modèle est peu connu en France. Au sein de la communauté administrée par le cabinet Prophil, nous sommes une quinzaine d’entreprises, un chiffre bien loin des centaines d’entreprises qui adhèrent à ce modèle dans le nord de l’Europe.

Ingrid LABUZAN

Un représentant de ces entreprises du nord de l’Europe interviendra d’ailleurs aujourd’hui.

Charles KLOBOUKOFF

Ce modèle paraît néanmoins suspect. Intellectuellement, il n’est pas évident, pour un entrepreneur, de se déposséder de son entreprise. Il est également suspect d’associer philanthropie et économie, surtout en France. Par ailleurs, certaines entreprises comme Altice se servent du fonds de dotation à des fins fiscales. Néanmoins, lorsqu’il s’agit d’un don, ce système peut être vertueux. De belles entreprises sont engagées dans ce mouvement.

Ingrid LABUZAN

Quel serait votre conseil à ceux qui voudraient se lancer ?

Charles KLOBOUKOFF

Il faut d’abord savoir pourquoi chacun a souhaité créer son entreprise. S’agissait-il de pouvoir, de liberté, de réussite individuelle ? Derrière tout cela, nous aimerions bien que l’entreprise laisse une trace positive sur la société. Voilà ce qui a pris le dessus, plutôt que de laisser la responsabilité de porter l’entreprise aux enfants, ce qu’ils peuvent toujours faire sans en détenir le capital, en prenant des responsabilités importantes en son sein. Cette solution vaut mieux que la cession à une entreprise plus grande, plus riche, qui pourrait modifier les « gênes » de l’entreprise.

Par ailleurs, les rencontres et les expériences vécues avec ceux qui ont déjà expérimenté ces changements ont été déterminantes. Je me rappelle notamment une visite en Suisse auprès de la famille actionnaire de Victorinox, qui avait failli faire faillite suite aux attentats du 11 septembre et à l’interdiction des couteaux suisses dans les aéroports et dans les gares. Heureusement, des réserves avaient été accumulées. Nous avons ainsi souhaité conserver l’essentiel des bénéfices dans l’entreprise afin de pouvoir passer les périodes économiques les plus dures. Aujourd’hui, le secteur du « bio » traverse une période difficile à cause de l’action des lobbies de l’agrochimique combinée à l’inflation. Nous ne sommes pas en difficulté mais nous sommes contents d’avoir mis de l’argent de côté. Nous sommes heureux que l’économie puisse servir une cause supérieure, quelle que soit celle que choisissent les entrepreneurs et les membres du comité philanthropique.

Ingrid LABUZAN

Nous allons justement nous intéresser, durant la prochaine séquence, aux effets de la conjoncture économique. Merci beaucoup.

Audace et philanthropie : quelle place pour la prise de risque et les « angles morts » philanthropiques dans le contexte actuel ? 

L’audace est-elle encore un marqueur fort de la philanthropie ? Les causes délaissées ou non consensuelles peuvent être écartées par certaines fondations et mécènes, jugées trop risquées ou dévalorisantes. Pourtant, la Fondation M6 ne s’est pas inscrite dans cette tendance et a choisi d’œuvrer à la réinsertion des personnes sorties du milieu carcéral. Isabelle Verrecchia, déléguée générale de la fondation, a raconté cette prise de risque lors de la 6e édition des Assises de la Philanthropie.


Isabelle Verrecchia –  Déléguée générale de la Fondation Groupe M6

 

 

Ingrid LABUZAN

Bonjour à tous, je suis ravie de partager cette journée exceptionnelle avec vous. Le programme ayant déjà été rappelé par Stewart COLE, je vous propose de nous engager dans sa première thématique, ambitieuse : l’audace. La philanthropie est-elle le lieu de toutes les audaces ? Il n’est pas question de se cantonner à une audace de posture. De ce fait, comment structurer cette audace ? Comment lui donner vie ? Comment gérer la prise de risque qui lui est associée ? Pour nous éclairer sur ce sujet, nous accueillons d’abord Isabelle Verrecchia, déléguée générale de la Fondation Groupe M6. Bienvenue parmi nous. Cette thématique de l’audace, vous l’incarnez à travers cette fondation, qui œuvre pour la réinsertion des personnes ayant connu un parcours carcéral. Comment parvenez-vous à mobiliser une entreprise autour de ce thème, qui n’est pas forcément consensuel ? J’imagine en effet qu’il est plus facile de mobiliser en vue d’une campagne contre la faim dans le monde. Par ailleurs, cette thématique a été imposée véritablement par Nicolas de Tavernost, le dirigeant de M6.

Isabelle VERRECCHIA

Bonjour à tous, je suis ravie d’être parmi vous aujourd’hui. Vous avez souligné un point important. Ce thème a été, non pas imposé, mais porté par Nicolas de Tavernost. Cette fondation existe depuis 15 ans désormais et œuvre pour un vrai sujet de société, dont il est en effet rarement question. Pour Nicolas de Tavernost, porter ce sujet tenait de l’évidence.

Sur des sujets assez peu consensuels comme celui-ci, une impulsion forte de la direction est nécessaire afin de convaincre à tous les échelons. Il faut également une bonne dose de conviction et de pugnacité car le sujet peut être clivant et ne fait pas forcément l’unanimité. D’abord, il est nécessaire de convaincre les collaborateurs. La congruence entre les messages portés sur cette thématique et les valeurs incarnées par l’entreprise nous a également beaucoup aidés. Cette sincérité de notre engagement s’est révélée au fil des ans et des actions entreprises.

Ingrid LABUZAN

Choisir un tel sujet s’apparente tout de même à une prise de risque. Avez-vous conservé une certaine confidentialité dans votre action afin de pouvoir maîtriser celle-ci ?

Isabelle VERRECCHIA

Au départ, nous ne connaissions pas du tout cet univers. Nous avons dû apprendre afin d’acquérir une forme de légitimité. Notre partenaire au quotidien est l’administration pénitentiaire, qui par essence constitue un univers clos. Au début de notre action, les personnes qui la composent se sont posé beaucoup de questions : nous avons dû montrer patte blanche, d’autant plus que M6 est un groupe de médias. Néanmoins, l’administration pénitentiaire a appris à nous connaître avec le temps. Nous avons pu démontrer quelle était la teneur de nos intentions.

De plus, le groupe souhaitait non seulement porter des messages en faveur de la réinsertion mais aussi intégrer en son sein des personnes ayant fait de la prison. De ce fait, nous avons très peu communiqué à l’extérieur dans les premiers temps. Même aujourd’hui, ce n’est pas forcément l’objectif prioritaire, l’enjeu étant d’abord interne. Il fallait convaincre les managers d’intégrer des personnes ayant fait de la prison. Il nous fallait entendre les craintes et les peurs. Celles-ci sont légitimes : nous avons tous des représentations par rapport à un univers comme celui-ci, qui nous est parfaitement inconnu. Nous avons d’abord écouté les collaborateurs, puis nous les avons emmenés sur des actions qui peuvent paraître peu engageantes, comme entrer en prison par exemple.

Ingrid LABUZAN

Vous les avez familiarisés avec ce thème de manière progressive.

Isabelle VERRECCHIA

Tout à fait. Aujourd’hui, nous hébergeons également une association qui œuvre sur cette thématique et réalise des accompagnements individuels. Ainsi, des personnes ayant fait de la prison côtoient des collaborateurs de M6. La différence entre ces deux populations est assez visible, forcément. Au départ, certains collaborateurs s’inquiétaient de cette proximité. Désormais, ce principe est accepté, il est rentré dans la culture de l’entreprise. Concernant les nouveaux arrivants, nous expliquons dès le départ l’action de la fondation et posons comme principe la présence de ces anciens détenus qu’ils pourront croiser dans les couloirs.

Ingrid LABUZAN

Combien sont-ils, ces anciens détenus ?

Isabelle VERRECCHIA

Ceux qui travaillent au sein du groupe sont intégrés régulièrement selon des formats différents : découverte de l’entreprise, stages, alternances, mais aussi emplois. Les chiffres ne sont pas très importants car intégrer des personnes ayant des parcours de vie chaotiques prend du temps. En quinze ans, 15 ou 20 personnes doivent avoir été intégrées.

L’association, quant à elle, suit environ une centaine de personnes par an.

Ingrid LABUZAN

Les collaborateurs de M6 sont pour beaucoup des journalistes qui doivent garder une forme de réserve et d’impartialité. Comment se déroule le rapport entre eux et l’action que vous entreprenez ?

Isabelle VERRECCHIA

Au départ, nous avions choisi de décorréler complètement la fondation des antennes du groupe, les rapports d’une fondation avec un groupe de médias pouvant s’avérer compliqués. De plus, la présence de caméras peut biaiser les rapports humains : soit elles font fuir, soit elles attirent. Nous avions donc choisi de ne financer aucun projet audiovisuel autour de la prison, car ce n’était pas du tout le but. La séparation entre l’antenne et la fondation a donc été actée.

Cependant, lorsque des journalistes du groupe réalisent un sujet sur les dysfonctionnements de l’administration pénitentiaire, nous leur demandons de nous prévenir. Nous avons également une marraine de la fondation, Nathalie Renoux, qui présente les journaux de la fondation. Nous avons donc créé des liens. Il est assez intéressant de voir comment les lignes ont bougé dans la rédaction concernant le milieu carcéral. Les évasions sont toujours traitées par les journalistes, bien sûr, mais ils vont également s’intéresser à d’autres sujets comme l’équimédiation en prison par exemple. Nous avons évolué : depuis quelques années, nous replaçons la fondation au cœur des métiers du groupe en créant davantage de passerelles afin d’amener les journalistes à découvrir eux aussi la prison autrement. Nous amenons les équipes à porter un autre regard sur la prison. Une personne sortant de prison a ainsi été intégrée en alternance au sein d’une équipe de journalistes.

Ingrid LABUZAN

Vous avez quinze ans d’expérience au sein de cette fondation. J’aimerais revenir au thème de cette première séquence avec cette question. La philanthropie est-elle le lieu de l’audace, et si oui, comment l’encourager ?

Isabelle VERRECCHIA

Je n’ai plus forcément l’impression, aujourd’hui, que traiter ce sujet est particulièrement audacieux, même si, au départ, bien sûr, nous prenions un risque vis-à-vis des parties prenantes. Nous nous sommes même donné une mission de plaidoyer vis-à-vis du monde de l’entreprise afin d’inciter les autres entreprises à intégrer des personnes sortant de prison. Nous avons ainsi dépassé le stade des actions : nous nous exposons vis-à-vis d’autres entreprises en abordant ce sujet.

Par conséquent, je ne ressens plus beaucoup cette audace dans le choix du sujet, même si je sais qu’il n’est pas consensuel. Il faut surtout prendre fait et cause pour un sujet et l’assumer. Pour nous, mécènes, la prise de risque est moins liée au choix des sujets qu’au fait de porter et d’allier des pratiques qui n’amèneront pas forcément de résultats. Il faut également être très à l’écoute des besoins des porteurs de projet. Parfois, la prise de risque peut être liée à l’innovation. De plus, il faut parfois avoir le courage de porter des projets sans beaucoup de bénéficiaires.

Par exemple, travailler sur l’emploi nécessite de travailler sur de nombreux freins périphériques : la santé, le logement, les liens familiaux. Sur un projet comme celui ci, il faut lever beaucoup de verrous. Au départ, lorsque je présentais des projets en conseil d’administration, le petit nombre de bénéficiaires interrogeait beaucoup au regard du budget associé.

Désormais, la question est réglée, car chacun comprend que sur le terrain, ces projets courent sur le temps long. Ils ne concerneront donc qu’un petit nombre de bénéficiaires. Par ailleurs, nous finançons les frais de fonctionnement : la fondation ne réalise pas seulement des investissements. Il s’agit également d’un sujet important pour les associations. Trouver un équilibre entre les financeurs et les financés est primordial. Les actions de terrains doivent aussi être rendues visibles. J’interrogerais donc plutôt la prise de risque par rapport à nos pratiques sur le terrain.

Ingrid LABUZAN

Vous avez soulevé beaucoup de points intéressants. Nous sommes aujourd’hui dans le monde de la preuve. Je viens plutôt du monde de la finance : dès qu’il est question d’engagement, d’impact, la preuve et les chiffres arrivent aussitôt. Nous en parlerons sans doute au cours de la journée. Vous avez également parlé de gouvernance. Or, nous allons continuer sur cette thématique, justement, avec un autre témoignage. Merci beaucoup, Isabelle Verrecchia.

 

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